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jeudi 10 avril 2014

Non, non, rien n’a changé.. Tout, tout a continué..

"L'important c'est le voyage. Pas la destination."

Je reviens juste de la journée-hommage consacrée à mon oncle. J'en reste profondément bouleversée et pensive...

Mon dieu, ce qu'il peut me manquer. 

Ses anecdotes de sa vie de prof, son amour inconditionnel pour son chat, ses bons plans sur notre ville chérie (dont nous étions les seuls rescapés de la famille vu que tout le reste a fini par partir), ses points de vue sur l'actualité, son goût pour le bon whisky, son habitude de se déguiser en père noël le soir du réveillon pour faire rêver mon frère, sa manière de se moquer des gens en n'hésitant pas à les imiter de façon grotesque, ses fan-attitudes envers les chansons populaires (style Nana Mouskouri, Claude François, Dalida et compagnie)... Bref, il y en aurait tellement à dire.

J'adorai particulièrement nos promenades familiales, dans la nature qu'il aimait tant, où nous n'avions pas forcément besoin de mot pour exprimer notre plaisir d’être tous ensemble à profiter du paysage et du calme ambiant. Je crois que ce qui me manque le plus c'était sa manière de basculer du sérieux à l'humour en à peine un quart de seconde créant ainsi un décalage juste hilarant. Il n'y avait que lui pour faire ça avec tant d'aplomb.

Au-delà de mes souvenirs propres au fait d'être sa nièce, cette journée m'a permis de mettre en lumière des facettes que je ne connaissais que trop peu à son sujet. Excellent pédagogue, il était un vrai génie dans tout ce qu'il entreprenait, aussi bien en recherche à écrire des articles (ou à faire des enquêtes) que dans un amphithéâtre à faire cours à ses élèves. Sans grande surprise, ce que les gens retiennent de lui avant tout c'est sa simplicité mais surtout son humanité.


Malgré son statut de "maître de conférence", il n'a jamais voulu déménager de son petit appartement, pourtant situé dans un des lieux les plus pauvres de la ville. Il a ainsi fondé l'association de quartier qui aidait les familles défavorisées en les aidant à se réinsérer dans la vie active. Il n'hésitait pas à défendre ses voisins, à témoigner pour telle ou telle personne quand elle se faisait embarquer injustement par la police pour un simple "contrôle de papier", à faire les courses de la voisine ayant du mal à se déplacer ou à apprendre à des gens à parler un minimum français ou à savoir comment utiliser un ordinateur.

Malgré ses nombreux succès, il a toujours su rester une personne simple du début à la fin, préférant toujours agir dans l'ombre pour ne pas mettre les projecteurs sur sa propre personne. Oui, Tonton était vraiment vraiment quelqu'un de bien, exceptionnel même. Il constitue pour moi un vrai modèle : un talent intellectuel indéniable, une discrétion attendrissante, une générosité à toute épreuve et un humour décapant, voilà ce qui faisait son identité. Très riche en émotions, cette journée a été à la fois bénéfique pour ses collègues et élèves mais je pense que ça a fait du bien à l'ensemble de la famille de voir les traces qu'il a laissé et qu'il laisse encore dans ce lieu (la fac) qui lui a été si cher. Les discours émouvants ont alternés avec des anecdotes plus légères et souvent très marrantes. Même les étudiants ont témoigné.

C'est con mais parfois je me surprends à regarder le ciel pour voir s'il ne m'enverrait pas un signe de là-haut. Comme cette fois, il y a déjà quelques mois où, très fiévreuse, j'avais commencé à avoir des hallucinations. D'un coup, j'ai senti sa présence réconfortante autour de moi, me disant que ça allait s'arranger et je me suis même imaginée le voir éteindre ma lumière alors que j'avais trop mal à la tête pour me lever. (d'ailleurs, je ne comprends toujours pas comment elle a fait pour s'éteindre toute seule).

Bref. Tonton, tu me manque. C'est dur d'affronter la vie sans toi.

" Ce que les morts laissent aux vivants [...], c'est certes un chagrin inconsolable, mais aussi un surcroît de devoir vivre, d'accomplir la part de vie dont les morts ont dû apparemment se séparer, mais qui reste intacte…"
"Son" Amphi.