Je me souviens plus vraiment quand ça a commencé, ni comment, mais c’est arrivé.
Pour être honnête, ça a dû commencer quand il ne se passait pas grand-chose d’excitant dans ma vie, ça me permettait de vivre un peu par procuration. De ressentir des trucs, de flipper, de pleurer, de rire, les trois en même temps. Ouais c’est cliché, hein ?
Bon bref, quoi qu’il en soit, une fois mes problèmes existentiels résolus, ça a continué. Et ça s’est propagé assez rapidement.
De « Je regarde La trilogie du samedi soir sur M6 » on est vite passé à « Je télécharge comme un porc toute la nuit et je fais des marathons pour chaque série que je découvre.»
Sur Internet, les news ciné et musique se sont retrouvées ensevelies sous les annonces de renouvellement, d’annulation, de nouvelles saisons et de nouveaux personnages. Et on n’en a jamais assez – il en faut toujours plus : plus de séries, plus de genres différents, plus d’histoires, de destins à suivre.
Surtout qu'au-delà de l'évasion que ça procure, les séries télés sont désormais synonymes de lien social. Tout le monde en parle : sur les forums, sur Facebook, en soirées ou à la pause café du boulot lorsque l'on cherche un sujet "universel".
Tels des Abed* en puissance (= personnage de Community*), on fait 56 références par heures, on parle de personnages fictifs comme si c’était des potes, ou au moins des vrais gens, on compare sans arrêt les situations qu’on vit à celles qu’on a vues – bref, pas moyen de passer une journée sans parler séries.
À chaque jour son rendez-vous : il y a les séries que je regarde quand je bouffe, celles qui sont réservées au soir, juste avant de dormir, celles du dimanche après-midi, celles que je mate en faisant autre chose à côté, bref, c’est tout une organisation.
Je suis capable – et c’est arrivé – de refuser un dîner ou un verre en terrasse pour courir regarder le season finale d’une série. (--> là vous avez le droit de me jeter des pierres).
Les réseaux sociaux ont rendu l’expérience encore plus délicieuse – bien que périlleuse, rapport aux spoilers. On tease beaucoup du style "OMG vous avez vu le final de Bates Motel ?!" sans donner de détails pour éviter l’incident diplomatique – et on reçoit en échange des « OUI PUTAIN T’AS VU ?! » et des « AAAAH DIS RIEN DIS RIEN DIS RIEEEEN !
Ainsi, on s'engueule si quelqu’un a le malheur de spoiler une série, on s’énerve et on tape dans les murs en pleurant de colère (au moins). On prend ça tellement à cœur qu’on se sent un peu con quand on fait des crises d’hystérie au moindre prétexte, mais eh, c’est toujours mieux que de ne rien ressentir. Et côté émotions, on peut dire que c’est varié. De la dépression profonde à l’inspiration soudaine, en passant par le fou rire qui fait mal au bide et la rage destructrice, le pouvoir des séries est sans limite.
Après y en a qui sont moins atteints que d’autres hein, mais perso, je me case dans les cas les plus gravos de l’histoire des spectateurs. C’est peut-être pour ça que je me refuse à abandonner une série en cours de route : il suffit qu’elle ait réussi à m’arracher quelques émotions à un moment pour m’y attacher et lui être fidèle comme un labrador.
Comme avec How I Met Your Mother qui n’avait plus aucun intérêt depuis quelques saisons déjà : je me suis fait chier à suivre les conneries de Ted et ses potes pendant des années, parce qu'il était hors de question de lâcher l’affaire. Je devais savoir qui finit avec qui, qui serait cette putain de mère qu’il aurait déjà dû trouver depuis mille ans. BREF.
Sachant que je ne peux pas passer une journée sans regarder au minimum deux épisodes d’une série sous peine de ressentir une immense frustration et de passer des heures à regarder mon plafond en jouant avec mes pieds, je pense qu’on peut parler d’addiction.
Et comme mon plus gros trip dans la vie c’est de sur-analyser tout ce que je peux, j’ai assez de matos pour écrire un bouquin sur mon rapport aux séries et ce que j’ai pu constater chez mes congénères. Mais comme aucun éditeur ne s’est encore jeté à mes pieds, on va se contenter de quelques articles de temps en temps.
Sachant que je ne peux pas passer une journée sans regarder au minimum deux épisodes d’une série sous peine de ressentir une immense frustration et de passer des heures à regarder mon plafond en jouant avec mes pieds, je pense qu’on peut parler d’addiction.
Et comme mon plus gros trip dans la vie c’est de sur-analyser tout ce que je peux, j’ai assez de matos pour écrire un bouquin sur mon rapport aux séries et ce que j’ai pu constater chez mes congénères. Mais comme aucun éditeur ne s’est encore jeté à mes pieds, on va se contenter de quelques articles de temps en temps.