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mercredi 24 septembre 2014

« Une bonne amie connait toutes tes histoires, mais une meilleure amie les aura vécu avec toi. »

Je ne vous ai jamais parlé de Laura, ma meilleure amie des années lycées… 

Durant deux ans, cette fille a été mon âme sœur, ma moitié, mon complément, « ma » Cristina*. Pourtant au départ, rien n’était gagné : nous nous sommes officiellement rencontrées à la danse quand nous avions 12-13 ans et je crois qu’à cette époque, ni l’une ni l’autre ne pouvions nous encadrer vu que jusque-là, on avait toujours été dans des groupes « concurrents ».  Hasard ou destin, le jour de notre entrée en seconde nous nous sommes retrouvées dans la même classe – seules rescapées de notre commune située en périphérie – alors que nous ne connaissions personne d’autre. Alors, pas le choix : il a fallu se soutenir. Au départ les échanges étaient simplement polis pour nous réconforter mutuellement dans cet univers inconnu… 

Puis, dès le deuxième jour, on s’est assises l’une à côté de l’autre pour se plaindre de nos emplois du temps, de notre classe, de nos profs, de nos parents… Et avant même de réaliser quoi que ce soit, Laura était devenue ma meilleure amie. Celle que j’avais toujours cherchée, sans succès. La brune et la blonde, la droitière et la gauchère, la petite et la grande… toutes nos différences ont été complémentaires et petit à petit, nous avons fini par nous ressembler en tous points. Mêmes vêtements, mêmes coiffures, même façon de parler, mêmes tics.. Ceux qui ne nous connaissaient pas nous prenaient automatiquement pour des sœurs.
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Nos heures de discussions, nos petits mots dans nos agendas, nos « j’hallucine ! » d’adolescentes hystériques, nos goûts musicaux, notre fierté d’être scorpionne, nos scénarios romantiques, nos aprems à jouer à la Wii, notre nouvel an toutes les deux à se bourrer la gueule et à danser comme des folles dans sa chambre… Laura représente l’avant. L’époque MSN, Skyblogs et premiers portables. L’époque des premiers fashion faux-pas (à retenir : se couper la frange soi-même sur cheveux mouillés est une mauvaise idée !). Je me souviens aussi de nos premiers émois amoureux et des explications détaillées qui en découlaient : premier baiser, premier mec, premier « je t’aime », premières soirées, premières cuites, première fois...

Nous pouvions passer des nuits à élaborer des théories aussi bien sur l’amour (est-ce le destin ? avons-nous une âme sœur ? est-ce l’homme de ma vie ?), que sur la mort (« tu crois aux esprits ? ») que sur le sexe (fera ou fera pas mal ? bon ou pas bon ?..). Des petites intellos coincées, nous sommes devenues des modeuses affirmées assez « populaires », fières de notre côté grande gueule. Je ne sais pas si ce sont nos tempéraments trop forts, trop similaires ou notre admiration l’une pour l’autre qui a fini par tourner en jalousie mais… la vie a fini par nous séparer. 
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Les premiers temps, on continuait à s’opposer sur le thème « ma-vie-est-mieux-que-la-tienne » et l’aspect obsessionnel de cette compétition montrait bien à quel point nous étions restées attachées l’une à l’autre malgré tout. Nous étions alors les seules concurrentes capable de rivaliser l’une avec l’autre. Et puis, un jour, elle a fait l’erreur de sortir avec Alex’ et de le quitter en créant pas mal de conflits dans le « groupe » (oui, Laura a brièvement fait partie du groupe au tout début de celui-ci). Dans le même temps, Lulu et elle se sont méchamment engueulées et il n’en a pas fallu plus pour qu’elle se fasse gentiment éjecter de la petite bande. D’habitude, les non-invitations ne durent qu’un temps histoire de laisser s’apaiser les tensions mais, dans son cas, sa fierté l’a toujours empêché de revenir et d’admettre ses torts. 

Avec le recul, je sais que je n'aurai jamais été celle que je suis aujourd'hui si je ne l'avais pas eu dans ma vie. Parfois elle me manque, parfois je me dis que sa fierté me faisait souffrir et que c’est mieux comme ça, mais une chose est sure : elle a été mon âme sœur. 

* référence Grey's Anatomy